2018
29ème voyage à Madagascar (du 10 janvier au 9 février 2018)
Grande première: je pars cette fois de Roissy Charles de Gaulle avec Air Austral, compagnie basée à La Réunion et qui me promet d’être à Mahambo en pratiquement 24h, tous trajets compris. Pari tenu, puisque, parti de Neufchâteau en voiture à 13h, je suis le lendemain à Olatra dès 14h30. Quelle économie de temps par rapport à Corsair qui me déposait à Tana, et de fatigue, puisque j'évite le pire : les 9h de minibus pendant la nuit pour gagner Tamatave ... où il me restait encore 3h de taxi-brousse jusque Mahambo! Le secret ? On évite l'agglomération parisienne à traverser pour gagner Orly et la même compagnie aérienne propose un billet combiné (pas tellement plus cher que Orly-Tana) avec un vol pour Tamatave aussitôt après l'atterrissage à St Denis ; évidemment, j'ai aussi la chance d'être récupéré en fin de matinée par mon ami Gérard ...
Après un voyage sans histoire, je découvre que l'état de la RN5 Tamatave-Mahambo a encore empiré. Les dégâts provoqués par un récent cyclone sont encore très visibles aux alentours de Foulpointe : arbres cassés, poteaux électriques abattus, avec les fils au sol, et ce sont évidemment les petites maisons des pauvres qui ont le plus souffert ... Le ciel est gris et il n'y a pas eu beaucoup de soleil les jours précédents : les panneaux photovoltaïques ont été peu efficaces, et le congélateur ne peut fonctionner qu'une demi-heure. Vite, les premières courses, surtout de l'eau potable à la mairie : occasion de me rendre compte que tout a augmenté, surtout les légumes, y compris l'essence pour mon scooter. L'accès à ma plage préférée est difficile, tant l'eau a envahi tous les creux de la piste vers chez Véro. La mer est d'ailleurs mouvementée (trop pour pouvoir nager) et la configuration de la plage est un peu modifiée.
Mon arrivée-surprise est commentée par mes amis Malgaches, car ils ne s'attendaient pas à me revoir si tôt. Je leur explique que le temps de l'horrible mois de décembre 2017 m'a incité à revenir à Madagascar pour y passer le mois de janvier qui, depuis plusieurs années, se révèle défavorable à ma santé pulmonaire... Le ciel est tout à fait bouché et il pleut sans cesse : je ne peux toujours pas mettre en route mon frigo. Les jeunes du campus passent dire bonjour et montrer leur bulletin de Noël, du moins ceux qui en ont un satisfaisant. Chaque jour quand elle rentre de l'école, la petite Arliny vient me montrer son cahier et on fait ensemble les petits travaux demandés par l'école. Pas de baignade vespérale, mais du jus avec les grenadelles (fruits de la passion), dont c'est la saison.
A Sahamalany, dans la famille de Juliette et Raymond, Thonia a eu un bébé, un petit Kendjo... Je pars là-bas avec Vavrina, sa copine, et quantité de vêtements pour bébé car l'heureux événement était prévu dès novembre.
Heureusement, 3 jours après mon arrivée, le soleil se remet à briller généreusement. A la plage, la mer est bonne et je peux enfin nager. Le réseau téléphonique, très perturbé depuis jeudi, fonctionne à nouveau et je peux enfin donner des nouvelles par SMS à Christiane. Au marché, les légumes (tomates, carottes, pommes de terre) sont presque au même prix que la viande : sans doute une conséquence du récent cyclone, et de la route qui est si mauvaise que les taxis-brousse demandent des suppléments. Le soleil après la pluie, c'est la garantie d'une végétation luxuriante. Dans mon jardin, j'observe pour la première fois un hibiscus blanc ; chez Véro, des combava (de la famille des Citrus ; ce sont les zestes de sa peau rugueuse qu'on utilise en cuisine créole, car son parfum est extraordinaire) ; chez Raoul, le jasmin de nuit, très odorant en début de soirée, et Costus speciosus, de la grande famille botanique des gingembres.
Plusieurs élèves du campus sont malades, et ... moi aussi : sans doute les fortes chaleurs qui ont succédé à la pluie provoquent-elles une humidité maximale (95%) de l'air ; mes problèmes d'asthme et de toux réapparaissent. Pour aller au campus par le chemin le plus court, il faut passer par le champ de riz de Doris et j'ai de l'eau presque jusqu'à la taille, puisque je dois même enlever mon short et traverser en slip (non, vous ne verrez pas de photo !). Je rappelle aux élèves qu'ils doivent impérativement avoir une moyenne de 10/20 à leur bulletin de Pâques, et être classés dans la première moitié de leur classe. Dès que le terrain ne sera plus spongieux, j'engagerai un jardinier pour quelques jours. Il devra bien entendu préserver mon carré d'ananas, qui s'épanouissent peu à peu.
A quelque chose, malheur est bon : avec le bois des arbres tombés lors du cyclone printanier de 2017, Faly me fait confectionner 4 nouveaux tabourets par un menuisier du village. Quand on n'est pas bien physiquement, les petits soucis matériels et les contrariétés sont montés en épingle par le "psychologique" : ainsi mes ennuis avec le scooter (qui ne démarre que quand il veut bien, ne "tire" pas et s'arrête plutôt que de garder le ralenti), ou encore quand je me rends compte que les jeunes du campus ne comprennent pas grand chose lors des projections de cinéma le soir : par exemple, ils ne repèrent par les bons et les méchants dans un simple dessin animé de Tintin... On est plus vite découragé quand la santé n'est pas au top. Cependant, les contrariétés matérielles ont souvent une solution assez rapide dans ce pays : Gaston, un réparateur local, découvre que tous les fils des commandes du scooter ont été rongés par une souris : il faut une matinée pour les réparer un à un.
Comme chaque séjour, je profite d'invitations bien sympathiques chez des vazaha : la galette des rois avec du champagne chez Bénédicte et Eric, qui ont un gros élevage de poules pondeuses près de Foulpointe ; chez Dominique, pour fêter nos deux anniversaires, etc. Et j'ai toujours plaisir à recevoir aussi sur la terrasse de ma maison : toute la famille de Sahamalany avec Fara et Faly, Emile et ses deux employées, etc. Quant aux autres visites, qui se succèdent an fil de jours, ce sont des enfants qui espèrent une tartine de choco, des personnes âgées qui viennent voir si je n'ai pas pour elles une paire de lunettes de lecture. Mila, qui n'a jamais parlé, et sa petite... Mila qui commence à gazouiller - quand on sait que ce verbe en grec ancien veut dire parler ! - ou encore des jeunes de Mitsinjo qui viennent lire et dessiner sur la terrasse.
Quant à Raoul et Santa, je les rencontre quasi quotidiennement, car c'est chez eux que je repasse après la baignade : c'est un moment de détente toujours apprécié, et où je peux parler en toute liberté et observer des plantes magnifiques.
C'est aussi Raoul qui a accueilli pour quelques jours, sur son grand terrain, un groupe de 72 élèves d'une école privée d'expression française de Tamatave : "La Petite Bulle", avec la directrice Mme Emmanuelle. Tous les cours et activités (variées, depuis les initiations artistiques, à divers sports, jusqu'aux sorties et voyages y compris hors de Mada) ont lieu en français. Les élèves sont de familles aisées (quelle différence de frais d'inscription !) et soucieuses de l'avenir scolaire des enfants. Seul le lycée français de Tamatave est plus chic. Les élèves montent eux-mêmes de grandes tentes et assurent leur intendance.
Nous avons organisé pour eux une visite de Mitsinjo, pour que les jeunes puissent se rencontrer, à l'intérieur même des petites maisonnettes. Initiative fructueuse, je pense, pour qu'ils puissent se rendre compte de leurs ressemblances et différences. Par exemple, lors de la projection des "Vacances du Petit Nicolas" sur un grand mur blanc près de chez Raoul, ce sont surtout les élèves venus de Tamatave qui riaient aux scènes comiques, car ils maîtrisent parfaitement le français, alors les jeunes de Mahambo ne le possèdent pas suffisamment et... ont pu s'en rendre compte ! Ils comprennent sans doute mieux pourquoi j'insiste tant sur la connaissance d'une langue qui n'est pas le malgache, et qui est indispensable pour s'élever dans l'échelle sociale.
Evidemment, je continue mes découvertes botaniques et suis loin d'être au bout de mes émerveillements.
Plus sérieusement, qu'est-ce qui a changé à Mahambo depuis 10 ans que j'y ai acquis ma maison? Pas grand chose, si ce n'est le téléphone portable, qui a tendance à se généraliser... et à rafler les petites économies des Malgaches, ce qui me rend bien triste ; il y a maintenant quelques vélos-pousse, et Vavrina peut, grâce à la petite aubette construite en bord de route, vendre des beignets faits maison, des petites assiettes de pâtes, et des boissons fraîches avec l'aide de mon petit congélateur ; mais globalement, la situation des indigènes n'est pas meilleure, voire pire. Le CEG, le dispensaire, les routes, la sécurité (2 cambriolages pendant mon séjour) ? N'en parlons pas ...
J'aimerais, avant de refermer cette page, féliciter encore et remercier l'équipe des adultes qui "tiennent le pot droit" au campus Mitsinjo : Fara en tout premier lieu, qui se dévoue sans ménager son temps au profit des 22 jeunes ; Amélie, la gardienne, qui veille à ce que chacun soit où il doit, et assure la distribution du riz le lundi matin ; Norosoa, enfin, qui ajoute la touche familiale (avec ses deux petits Fandresina et Antonio) et contribue à la propreté et même au caractère fleuri et coquet des lieux. Pour ma maison, j'ai la grande chance de pouvoir compter sur Vavrina, qui garde la maison en mon absence, pour les tâches ménagères (nettoyage, lessive) et surtout la cuisine : je me félicite de ses passages antérieurs dans les restaurants du coin, car (chut! ne le dites pas ...) le meilleur restaurant de Mahambo, à présent, c'est chez Olatra. Je m'en voudrais d'oublier Faly, qui accourt dès que j'ai besoin de lui : ses talents de bricoleur-dépanneur font toujours merveille.
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30ème séjour à Madagascar (du 16 mai au 8 juin 2018)
Alors que j'avais été totalement satisfait d'Air Austral en janvier-février, une mauvaise surprise m'attendait à l'aéroport Charles de Gaulle : on m'annonce que l'avion de St Denis à Tamatave est supprimé et remplacé par deux vols avec Air Madagascar (vers Tana d'abord, puis de Tana à Tamatave). Pas d'autre explication, sinon qu'une convention est passée depuis peu entre les deux compagnies aériennes. Ma crainte est double : que ma deuxième valise, achetée avec les points de carte de fidélité "Capricorne", ne soit pas acceptée par Air Mad - surnommée par ailleurs "air peut-être" par les vazaha. Vite, prévenir Gérard que j'arriverai 4 à 5 heures plus tard, c'est-à-dire en fin d'après-midi ; or, Gérard, qui vient me chercher, déteste rouler le soir, et on comprend vu l'état de la route ... A Tana, le visa est passé à 35 € ou 115.000 ar. (au lieu de 80.000 ar. en janvier), mais il n'y aura pas de douane à Tamatave, puisqu'il s'agit d'un vol intérieur. Il fait nuit quand nous arrivons à Mahambo, où Fara, Faly et Vavrina ont préparé un souper. Comme il y a eu peu de soleil, les batteries faiblissent bien vite. Je suis quand même très heureux d'avoir retrouvé mon petit paradis.
La première baignade, le lendemain matin, est bonne, après le " tonga soa""(bienvenue) de 4 élèves du campus Mitsinjo, qui sont déjà là pour dire bonjour. La première journée, ce sont essentiellement les courses quil' occupent : depuis le sucre jusqu'aux spaghettis, en passant par l'huile, la farine, les oeufs, les légumes, les fruits, les boissons, le riz et le charbon de bois, du sel,du poivre, etc. Le scooter, rangé en dessous de la maison, démarre du premier coup. Ouf ! Faire le tour de mon domaine aussi, où je constate que les canaux ont été curés, grâce aux hommes de Faly, et que Dominique B. a planté des arbustes le long de la façade nord. Les ananas, plantés il y a un an, ont bien poussé aussi. Un papayer s'élance près du dépotoir du fond de mon jardin (il n'y a pas de ramassage des ordures ici) : il est prometteur en fruits !
Ma "boule chinoise", à leds s'allllumant automatiquement au crépuscule, est installée suspendue à une tige du bougainvillier qui orne l'entrée de Olatra. Premier poisson aussi, acheté à une femme de pêcheur qui passe d'habitude chez moi : les sabres - longs poissons plats, tout à fait comme des ceintures - sont abondants pour le moment.
Comme la mairie ne vend plus d'eau potable, il faut la faire venir par taxi-brousse de Fénérive, en bidons de 20 L. Cela me donne l'occasion de signaler que les taxis-brousse fonctionnent bien et sont très efficaces : on peut s'arranger avec eux pour à peu près tout. Même si on choisit, au niveau local, les vélos-pousse. On trouve maintenant des petits panneaux solaires (30 x 25 cm) + batterie, à prix démocratique, qui conviennent bien pour deux ampoules dans les petites maisons locales : j'en équipe celles de Vavrina et de Zoe. Cela permet aux enfants de faire leurs devoirs quand le soleil est couché, ce qui arrive tôt ici, particulièrement en cette saison où il fait pratiquement noir vers 17h30'.
Première leçon de français au campus, où je retrouve les élèves, très gentils et accueillants, malgré leurs mauvais bulletins à Pâques. Je leur partage mon découragement provisoire et les encourage à redresser la barre d'ici la fin de l'année scolaire. Tout en les félicitant pour leur esprit positif : devenir des garçons et des filles sympas et polis, c'est très important aussi ! Aujourd'hui, pas de cours au CEG pour cause de réunion des professeurs ; les 3 jours suivants non plus, car ce sera le long week-end de la Pentecôte... Premières visites : Josiane, fille de Marcelline et soeur du petit Jean-Claude, avec son fils Toltra ; Varisoa, la grande mère du petit asthmatique Agostino ; Zoé accompagnée de Rivela et Mirinda : le train train déjà, quoi.
Dans la maison de Vavrina logent provisoirement un cousin et son épouse qui vient de donner naissance à un bébé de 5 jours. J'ai apporté des tenues pour tout-petits qui font merveille ! Au début de mon séjour, le ciel est souvent voilé et les averses fréquentes, mais à la plage, l'eau est merveilleuse et je nage de plus en plus loin. C'est par Raoul, chez qui je repasse toujours volontiers, que j'ai des nouvelles du coin, notamment des vazaha. Il fait malheureusement noir très tôt, entre 17h30 'et 18h. Pour la première fois, je supporte un fin pull en soirée (oui, il fait un peu frisquet !) et je me mets dans lit plutôt que simplement dessus... tandis que la "musique" du bal poussière au centre du village, pourtant distant de plus d'un km, est lancinante... comme tous les week-ends ! C'est la saison des mandarines, des corossols et des grenadelles (fruits de la pasion), pour des jus royaux au petit déjeuner, mon meilleur repas de la journée, avec un oeuf au bacon, du jambon et du fromage amenés, de la confiture (maison ou d'ici) et deux tasses de café, alors que mes visiteurs préfèrent du thé et du "beurre" (Jadida, la margarine locale) ou, les enfants surtout, du choco Nutella. C'est souvent alors qu'arrivent Norosoa et ses deux petits, Fandresina et Antonio, avec des besoins divers, par exemple une couverture (je peux comprendre !) Ou des kappas (tongs). Une expérience nouvelle : je suis invité à un grand déjeuner en pleine nature, à Sahamalany, où Faly et ses hommes aident Raymond à défricher un terrain. Il y a là aussi Thonia et son petit Kendjo, Juliette, Héry, Cynthia, Manjato, Badoda et Katita accompagnant Fara et Faly. Quel dommage d'avoir oublié mon appareil photo ! Après un somptueux pique-nique sur une grande bâche, les enfants vont jouer dans un raidillon qui donne sur la rivière : pas de panique, alors que chez nous les parents seraient certainement affolés !
Les vazaha s'invitent l'un l'autre, notamment pour pouvoir échanger sur divers sujets de conversation: Dominique B. (qui apporte toujours des fruits de la passion en abondance) et sa compagne Hortence avaient demandé des pizzas : défi relevé par Vavrina qui, avec de simples poêles a relevé le défi et les a réussies aussi bien qu'avec un four ; chez Eric, Gérard et moi découvrons une cuisine personnelle et originale ; avec Santa et Raoul aussi, et bien sûr avec Fara et Faly. Emile me reçoit à Foulpointe, chez lui pour l'apéro puis à "La Cigale", le meilleur resto du coin.
Des élèves viennent lire ou dessiner sur la terrasse, des parents passent dire bonjour, parfois chargés de cadeaux (un poulet, un ananas, du riz malgache, des patates douces, des noix de coco, un corossol, etc.) ; Le soir, le cinéma divertira les jeunes : Ratatouille, James Bond, Danse avec les loups, en partie seulement : vous allez savoir pourquoi ...
Dans la pelouse de Véro, que je traverse chaque jour pour aller nager, il y a des champignons, vu les averses fréquentes.
On parle de grève à l'école et tout est désorganisé. Dans la nuit du 30 au 31 mai, entre 19h, moment où j'ai rangé dans ma chambre le petit videoprojecteur - juste avant l'arrivée de Raoul et Santa que je reçois pour le souper - , et 8h du matin, j'ai la surprise désagréable de voir que mes appareils électroniques ont disparu : smartphone belge, casque, tablette, videoprojecteur, disque dur externe (avec tous les documents et photos concernant Mada), et deux trousses, l'une contenant des lunettes de lecture à donner, l'autre mes accessoires (batterie de rechange, cartes micro SD, câbles divers et clés de réserve de ma maison !). Seule hypothèse plausible : le voleur, de corpulence très mince, a dû se glisser entre les barreaux de la fenêtre de chambre. D'abord découragé, je me ressaisis, mais dépose tout de même à la gendarmerie locale la liste de ce qui m'a été dérobé. Peu d'espoir, bien sûr, de retrouver ce qu'on m'a volé. De plus, l'école est fermée et je ne reverrai plus tous les jeunes du campus, car il y a grève des enseignants. Celle-ci durait encore un mois et demi après mon retour. Autant dire que l'année scolaire est fortement handicapée ; il semblerait même que les épreuves du BEPC (le brevet de fin de cycle secondaire inférieur) n'auront pas lieu au collège... même si le journal La Tribune du 20 juillet écrivait que "cette année scolaire 2017-2018 a accusé un retard de plus d'un trimestre pour les établissements publics, avec l'arrêt des cours durant l'épidémie de peste au mois de novembre, et la longue grève des enseignants. Certains enseignants tentent toutefois de rassurer que le programme scolaire serait achevé à temps pour permettre aux élèves de passer les examens officiels". Quelle misère !
Un mot de la situation économique : outre l'état déplorable de la RN5, rien n'a changé en ce qui concerne les écoles et le dispensaire : les locaux se dégradent sans cesse... quand ils existent ; le nouveau lycée de Mahambo, qui accueille maintenant des élèves en seconde et première, est (mal) logé près de l'école primaire publique (EPP) et voudrait construire. Où mettront-ils les élèves de terminale ? Il n'y a pas d'argent et le Directeur, M. Pierrot Rafanomezantsoa, cherche des "partenariats" tous azimuts... Pendant ce séjour, le temps a été superbe, le climat plus tempéré que d'habitude et la pluie du début s'est envolée. J'ai donc bien profité de la plage, d'une mer souvent très calme, de ma terrasse accueillante, avec le fauteuil prêté par Gérard et les deux tables carrées où je reçois les visiteurs, les enfants et les jeunes du campus Mitsinjo, qui viennent volontiers profiter des livres à lire et à colorier ; presque tous les jours, Arliny, la fille de ma gardienne-cuisinière Vavrina, vient demander un petit coup de main pour ses devoirs.
J'aime toujours autant ma maison, avec le jardin arboré et riche en plantes et animaux, mais aussi l'ambiance au petit marché local et les habitants très gentils.
Je découvre à chaque fois de nouveaux mystères végétaux, de nouvelles nourritures: les angivy sont des sortes de petites aubergines jaune verdâtre, de la famille des solanacées, qui accompagnent souvent le plat national, le romazava, mais je trouve personnellement ce légume trop amer ; encore des sortes de salades, notamment les brèdes mafane, avec leurs fleurs jaunes comme des capitules de matricaire, et dont les Malgaches sont friands; il y a aussi, essentiellement dans la pelouse de Véro, des champignons encore jamais observés auparavant.
Bref, un séjour qui n'a été obscurci que par le cambriolage dont j'ai été victime, car tout le reste fut parfait ! C'est en novembre que je remettrai le cap sur Mahambo, en compagnie de Christiane et Armelle, une amie parisienne.
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31ème séjour à Madagascar (du 7 novembre au 13 décembre 2018)
Note: les photos prises par Armelle sont notées (A) après leur légende.
Après avoir retrouvé notre amie Armelle à l'aéroport Charles de Gaulle, nous avons la mauvaise surprise d'apprendre que notre avion Air Austral de St-Denis (Réunion) à Tamatave est supprimé : même cas qu'en mai ! On va perdre une journée parce qu'il faut attendre à St-Denis, où nous sommes arrivés à 9h, jusque 17h30 'pour prendre un vol d'Air Madagascar jusque Tana : là, les contrôles sont vite expédiés, mais nous n'arrivons à Tamatave qu'à 20h : trop tard pour Gérard, qui a heureusement été prévenu et nous prendra le lendemain matin à l'hôtel Java. Air Austral nous a en effet (ouf!) prévu un repas et un logement au Bld Joffre.
La RN5 est encore plus défoncée qu'en mai. Nous sommes accueillis par Vavrina, avec un repas et des boissons que Fara a mises au frigo. Dès l'après-midi, nous sommes au campus Mitsinjo, où nous accueillons une dizaine de membres de l'association de La Bastide de Virac. Il y a parmi eux une doctoresse belge, qui a soigné de nombreux patients dans les hameaux de brousse des alentours. En plus des deux couples qui ont donné leur nom à deux maisonnettes ( Monique et Lucien / Geneviève et Michel), Corinne et Hervé proposent de prendre en charge deux jeunes de Mitsinjo ! Nous les accompagnons ensuite près du marché local, où a lieu l'inauguration officielle d'un lavoir, offert par un donateur et construit par Faly. Le maire est là pour couper le ruban.
Pour sa première baignade, Armelle découvre la plage paradisiaque à côté d'Hibiscus et à laquelle nous accédons, comme d'habitude, grâce à l'amabilité de Véro, la propriétaire. La mer est aujourd'hui un peu sauvage, sans doute à cause du "cyclone" annoncé au nord-est. Raoul et Santa nous accueillent, chaleureusement comme toujours, au retour de la plage.
Pour 10 euros, j'achète un téléphone portable de base pour Christiane, avec une carte Sim Airtel : nous pourrons, en cas de pépin, rester en contact ou appelez nos amis malgaches. On le donnera à Vavrina, à qui on a volé le sien, quand Christiane quittera Mahambo. Dès le samedi, ma gardienne-cuisinière nous entraîne, croit-elle, au karaoké. En fait, nous découvrons la discothèque à la mode : la "Paillotte", une salle au sol bétonné, est surtout fréquentée par des garçons qui boivent des bières tièdes au son d'une musique disco tonitruante ; les filles sont rares, et il est bien difficile de parler avec l'un ou l'autre jeune qui manie suffisamment la langue de Voltaire et ne soit pas trop éméché. On se taille rapidement... Le lendemain, c'est dimanche, et les visiteurs sont nombreux, qui viennent "dire bonjour" : les familles aidées passent voir si nous avons apporté des vêtements, ou demander d'inscrire leurs enfants à l'école primaire ou maternelle, ou simplement par curiosité pour mes deux compagnes de séjour. Heureusement, nous avons apporté des bonbons pour accompagner le thé bien sucré que les Malgaches apprécient toujours beaucoup. Il fait chaud aujourd'hui, et Armelle désire voir les "Fiangonana" (église en malgache) du coin : Rhema est peu fréquentée, mais la Nouvelle Jérusalem, où les femmes sont en blanc, lui semble accueillante, avec une population assez mélangée.
Les deux jours suivants, qui précèdent notre départ en voyage touristique, sont vécus dans le calme, avec baignades matinale et vespérale, bons repas concoctés par Vavrina. Kamisy monte au cocotier nous décrocher de belles grosses noix. Je vais inscrire Arliny, la fille de Vavrina, et Mirinda, une fille de Zoé, à l'école Espérance ; Toultra, le plus jeune de Josiane, ira à l'EPP ; le mardi, c'est jour de marché, et Armelle et Christiane peuvent faire plaisir à nos amis malgaches, avec un vêtement ou un ustensile de ménage. Alors que je me réjouissais d'être présent pour aider Fara dans la sélection des candidats au campus, je suis confronté à la difficulté de devoir, en présence de leurs parents, refuser quelques élèves dont les résultats sont trop faibles : ils ne permettent pas d'espérer qu'ils tireront profit de leur séjour à Mitsinjo.
Le mercredi 14 novembre, nous partons donc pour une longue excursion en 4 étapes : Andasibe, La RN7 vers le sud, la capitale Antananarivo, le canal des Pangalanes près de Tamatave. Il faut d'abord rejoindre Tamatave, encore grâce à Gérard, puis prendre un minibus jusque Andasibe: nous arrivons au Feon'ny Ala - ce nom signifie "cris de la forêt", à cause du cri des Indris : voir notre premier voyage en 2004 - en fin d'après-midi, juste à temps pour observer, chose rare, une famille de lémuriens fauves au pied de notre bungalow : ils sont amateurs de litchis que nous avons achetés en route. La vue sur la forêt toute proche est superbe depuis la petite terrasse où Christiane profite du crépuscule. Dès le lendemain matin, Christin nous retrouve au local de l'association locale Mitsinjo pour nous servir de guide dans la réserve Analamazaotra. Quantité de photos de cet endroit de rêve pour les amateurs de la nature sont visibles dans le "Journal de bord", témoin de nombreux précédents passages et séjours, seul, pour travailler à la réalisation de la brochure " Olatra, champignons d'Andasibe", avec Christiane et des amis (Brigitte et Raymond, en 2011), avec mes deux fils Nicolas et François (en mai 2015, déjà avec le chauffeur Nina).
Le soir, Christin nous emmène à nouveau pour une balade nocturne où nous avons l'occasion d'observer certains animaux qui ne sont visibles qu'à la nuit tombée, dont un tout petit lémurien du genre Microcebus , un caméléon et une grenouille vivement colorée. Le vendredi, nous repartons en promenade, toujours avec notre guide, qui affine ses connaissances en champignons rencontrés le long du sentier. Cette fois, nous avons de nouveau de la chance, puisque nous pouvons observer à loisir une famille d'Indris, dont un petit qui est accroché à sa mère et s'exerce à sauter d'une branche à l'autre.
L'après-midi, nous prenons la route vers Tana, où nous avons réservé à l'hôtel Shangaî. Dès le lendemain matin, Nina arrive avec une Peugeot 406 vert pomme. Le prix a été convenu par mail depuis la Belgique : ce sera 35 € / jour, avec le chauffeur (sans se soucier de son logement et de sa nourriture) + le carburant du véhicule. Notre objectif : le parc de l'Isalo, puis retour par la même RN7, en faisant quelques étapes (Ambalavao, Fianarantsoa, Ambositra, Antsirabe). Dès la sortie de la capitale, nous avons l'occasion d'acheter des fraises en abondance, et de constater que la piété populaire n'est pas un vain mot dans ce pays.
Nous arrivons à Fianarantsoa dès le premier soir. L'hôtel "La petite bouffe" nous est conseillé par notre chauffeur, une très bonne adresse et beaucoup moins chère que le Tsara Guest House voisin. Le lendemain, nous repartons tôt, car le chemin est long pour atteindre le massif de l'Isalo. Quelques arrêts en route, cependant, nous permettent de prendre des photos : de rizières, où les différentes teintes de vert forment un superbe patchwork ; d'enfants qui sont accourus dès qu'ils ont vu que notre Peugeot se rangeait sur le bas-côté ; pour acheter un chapeau demandé par un de nos petits-enfants ; pour une brève visite, à Ambalavao, à un atelier du travail de la soie, depuis les cocons du ver jusqu'à de belles écharpes multicolores ; au (petit) parc Anja, non loin de là, où nous avons la chance de voir un Lemur catta.
On reprend la route vers le sud : dîner à la sortie de Ihosy, puis on met le cap sur Ranohira, au pied du massif de l'Isalo, un site d'une beauté exceptionnelle, qui nous avait marqués en 2004. La route est longue et plate, un peu monotone, et la végétation plus rare. C'est à l'hôtel "Orchidées" que nous rencontrons Ferdinand, qui sera notre guide le lendemain. Surprise: c'était déjà lui en 2004 ! Il faut prévoir la pique-nique du lendemain, mais surtout beaucoup d'eau, car le soleil va darder toute la journée. Au bureau du tourisme, on peut acheter les tickets et s'acquitter du salaire du guide pour toute la journée. A cause d'un gué non franchissable par notre 406, nous devons d'abord faire une longue marche jusqu'à l'entrée du parc, avant de commencer le parcours dans les rochers jusqu'à une "piscine naturelle", bienvenue pour se rafraîchir. Il faut ensuite, pour rejoindre le point suivant (aire de camping) marcher 4 km sous un soleil de plomb, sans la moindre ombre. Malgré l'eau maintenant tiède, je commence à me sentir mal et je demande un arrêt à l'ombre maigrichonne d'un petit arbre rare : repos indispensable et aspirine pour éviter le coup de chaleur, mais aussi diète pendant que les trois autres pique-niquent. Le site est impressionnant, et on atteint enfin le camping après un "escalier" très long et particulièrement pénible à descendre. Ici encore, il y a moyen de se baigner dans un coin de la rivière où l'eau est un peu plus profonde. Ouf!
En fin d'après-midi, Nina nous amène jusqu'à une attraction du lieu, près d'un hôtel chic : la "fenêtre" de l'Isalo. C'est un endroit très fréquenté par les touristes qui viennent se faire photographier, comme Armelle et Christiane, dans cette ouverture dans la roche ; on peut aussi y voir le "nez de Jacques Chirac" et surtout se laisser fasciner par les rochers multicolores, dans le soleil couchant.
Dès le lendemain de cette mémorable promenade, nous repartons vers le nord pour pouvoir faire des étapes dans les villes que nous n'avons fait que traverser à l'aller. A Ambalavao, on n'a pu voir que la boutique où est vendu le papier "antaimoro", réalisé avec l'écorce de l'arbre Avola et où sont incrustées des fleurs. Comme c'est déjà fermé, c'est Nina qui nous expliquera comment cela est réalisé. Vous en aurez une bonne idée dans le compte rendu de notre premier voyage, en 2004. La ville est célèbre pour le travail de la soie, mais aussi pour ses vins. Cependant, à part le blanc moelleux de Maroparasy, les viticulteurs locaux ont encore pas mal de progrès à faire, surtout pour le rouge. Un flamboyant nous a séduits, mais aussi, en bordure de route, un petit révolutionnaire, qui arbore, autant sur sa figure que sur son sweat, sa détermination à ne pas se laisser rouler dans la farine par les politiciens de demain !
A Fianarantsoa, nous allons d'abord voir le point de vue qui surplombe toute la ville. On y rencontre un petit groupe de jeunes bien sympathiques : Jean-Claude, élève dans un CEG de la ville, parle très bien le français et mérite une aide matérielle en cette période de rentrée scolaire (retardée à cause de grèves en juin-juillet). D'autres jeunes, avides de "cahiers", nous escortent littéralement pour la visite du quartier du vieux Fiana, derrière la cathédrale. L'ambiance y est sympa et quelques belles maisons, souvent converties en boutiques d'artisanat, ont été restaurées avec des aides étrangères.
Nous avons projeté d'aller loger à Ranomafana : la sortie de la ville se fait sous des trombes d'eau, dues à un violent orage, avec des éclairs dantesques ; comme souvent, cela s'arrête brutalement et nous pouvons prendre une route asphaltée de bonne qualité (ce n'était pas du tout le cas en 2004 !), qui nous permet d'y arriver à la tombée du jour. Les tarifs de l'hôtel Manja conseillé par Nina sont très abordables et la nourriture est de bonne qualité et roborative. Le lendemain, plutôt que de refaire encore un parc qui ressemble à celui d'Andasibe, nous allons visiter l'arboretum, célèbre pour sa collection de palmiers. Bien documenté et bien entretenu, c'est un site enchanteur, reposant (nous sommes pratiquement les seuls visiters), et on y observe même des champignons.
C'est à l'hôtel Mania que nous faisons halte en plein centre de l'animée Ambositra (prononcez Ambouchtr). On trouve un petit réparateur de PC pour mon notebook qui "déconne", comme on dit. Dès le lendemain matin à 8h30', le petit ordinateur est réparé. Il ne tiendra que quelques jours, mais je veux souligner l'ingéniosité du jeune homme qui a accompli cela pour moins de 15 euros, et si vite ! Cette ville est surtout réputée pour le travail du bois, et particulièrement la marqueterie : c'est ici que sont réalisées les boîtes Tintin, avec les couvertures des albums bien connus ici. J'y ai aussi déniché un planisphère avec les pays du monde en différentes couleurs naturelles : un coup de foudre. On peut voir un artisan au travail, à l'arrière d'une boutique où les guides amènent leurs clients.
A Antsirabe, Nina nous propose des visites chez d'autres artisans : un de pierres et minéraux (chers !), un de corne (de zébus ? Nous sommes sceptiques quant à la provenance de tous ces objets... de grande taille ! La Chine n'est pas loin...), de miniatures (on achète un petit vélo), de bonbons (chez le confiseur Marcel, le plus réputé de la grande île, bof). C'est de bonne guerre et ce type de visites fait partie du pack de tant de voyages organisés, en Egypte, en Turquie, ou même en Europe ! Une dernière halte, pour souper, avant l'arrivée à Tana : les dames n'ont pas très faim (peut-être à cause des bonbons ?), et se contentent d'une soupe chinoise, mais je craque pour un tournedos Rossini, car l'enseigne du restaurant est tentante: "Au coin du foie gras".
On arrive tard à Tana et on dit au revoir à notre chauffeur au Shangaï. Les deux journées dans la capitale sont confiées à l'organisation d'Armelle, qui travaille dans le monde de l'édition à Paris. Elle souhaite rencontrer des libraires, et nous allons ainsi faire la connaissance de quelques personnalités attachantes, notamment d'Annick de Comarmond, dont j'ai déjà évoqué le beau livre "Loin sous les ravenales" (à la fin du compte rendu de l'année 2016). J'ai aussi l'occasion de faire quelques achats, notamment de la vanille sous vide, à un prix curieusement bien moindre qu'à Tamatave. A côté de la librairie de la charmante Sylvie, dans le "Water front", un nouveau zoning commercial, nous avons la surprise de rencontrer Pierrot Men, le plus célèbre des photographes de Mada, dont l'atelier principal est à Fianarantsoa. La boutique d'ici est surtout une salle d'exposition de ses oeuvres. Christiane y a acheté quelques cartes postales, dont celle-ci qui illustre bien la joie de vivre malgache. Un dernier rendez-vous nous permettra, à l'hôtel Sakamanga, où nous avions passé notre première nuit à Tana en 2004, de rencontrer une directrice d'édition du Ministère de la Culture malgache : Lalao me donne quelques exemplaires de deux livres pour enfants et jeunes, au bénéfice des jeunes du campus à Mahambo.
Malgré les embouteillages (il faut une heure et demie pour y arriver !), nous sommes un peu avant midi à Ambodivona, la principale gare routière de Tana, pour le minibus de Cotisse, réservé et payé à l'avance (20.000 ar.). Il part à 12h précises et arrive, ô merveille, à Tamatave un peu avant 20h. Notre chambre, réservée à l'hôtel Anjara, est vaste et presque luxueuse ; par contre, il n'y a rien au restaurant de l'établissement, sauf un steak de zébu au poivre vert, immangeable tant il est coriace. Par contre, l'addition est légère. Bonne nuit avec un air conditionné performant : heureusement, car il fait bien plus chaud ici qu'à Tana. Une excursion en barque sur canal des Pangalanes clôturera notre trip loin de Mahambo.
Une responsable de l'agence Elidolys est dans le hall de l'hôtel (où nous pouvons laisser nos bagages) à l'heure dite. La balade de quelques heures coûte, tout compris, 25 €/pers. C'est en tuk-tuk que nous rejoignons le port fluvial, accompagnés de notre guide Jacquot. On embarque dans une sorte de grande pirogue, pilotée par un skipper. A un endroit ombragé, tout proche de l'océan, notre guide nous installe pour le pique-nique qu'il a préparé : crudités en entrée, riz aux petits légumes et boulettes de viande hachée, mangue, avec une grande bouteille d'Eau Vive. Nous ne croisons que des Malgaches, en balade comme nous sur ce canal où circulent , sur radeaux de bambous, toutes sortes de marchandises. Retour en taxi-brousse jusque Mahambo : 3 heures de calvaire à cause de l'état de la RN5. La fidèle Vavrina est là pour nous accueillir, puis c'est Faly qui rentre de Fénérive avec ses enfants Manjato, Badoda et Katita : on partage ce qui reste dans le frigo...
Les quatre journées que Christiane et Armelle devaient encore passer à Olatra seront réduites à trois, à cause d'un coup de fil d'Air Austral qui annonce que le départ, prévu le jeudi 29 novembre à midi, est avancé à 9h45' : les gilets jaunes ont frappé l'île de la Réunion ! Impossible d'être à l'heure en partant de Mahambo le jour même... Mes deux compagnes profitent au maximum des heures qui leur restent dans ma maison pour s'imprégner de la vie locale, tout en faisant la connaissance de Claudine et Noëlson : ces Orléannais sont de passage ici, où ils connaissent bien Fara et Faly. Ils m'ont plusieurs fois envoyé des médicaments à leur transmettre. On les reçoit à Olatra pour un souper très convivial, avec langoustes autochtones et "gâteries" occidentales... De mon côté, je dois procéder à la sélection des anciens et nouveaux pensionnaires du campus Mitsinjo ; c'est une tache difficile, surtout quand les parents sont présents pour présenter leurs enfants candidats. Une dernière promenade vers Fénérive, avec la jeep de Faly, en passant par Sahamalany pour voir nos amis Juliette et Raymond. Il nous faut aussi de l'eau potable en bidons de 20 L, et elle n'est plus disponible à Mahambo près de la mairie (problème technique, paraît-il, mais ici, cela peut durer longtemps).
Les plaisirs de la plage alternent avec les émerveillements botaniques, les visites au campus, les repas avec des amis. Christiane apprécie vraiment ma maison et sa gardienne, Vavrina. Elle commandite à Faly l'amélioration de l'aubette le long de la route, où Vavrina peut faire un petit commerce de nourriture et de boissons (fraîches, vu le frigo !).
Je vous imagine curieux de ce qu'il y avait sur la table de ma terrasse le mercredi 28 novembre, avec nos amis Eric et Gérard, pour marquer le coup avant le départ de Christiane et Armelle. Sachant que j'avais encore pas mal de "douceurs" amenées de Belgique, voici quel était le menu du jour : apéro vin blanc doux de Maroparasy / noix du Brésil, pommes séchées et pipe gaumaise / camarons flambés au pastis / poulet de chair au poivre vert et haricots verts + frites magnifiquement réussies / fromage (comté, morbier et gorgonzola avec sirop de Liège) / ananas flambé au rhum / café et chocolat. Vavrina s’est encore surpassée. Mes deux compagnes sont sur le départ, grâce à l'amabilité de Claudine et Noëlson qui rentrent à Tamatave et les y déposeront dès le mercredi 28 novembre. Elles logeront à l'hôtel La Véranda, très bien selon elles, pour être à temps à l'aéroport le lendemain matin. Des élèves du campus, avec la gardienne Amélie, se sont joints à Fara et Faly, et à nos hôtes du midi, pour leur dire au revoir. Leur voyage de retour sera sans problème.
Resté seul, je vais m'occuper davantage des jeunes du campus Mitsinjo, notamment en allant (presque) chaque jour les rencontrer, pour mieux les connaître et leur faire un petit cours de français. J'ai renoncé pour l'instant à l'anglais, de crainte qu'ils ne mélangent tout. Les jours s'écoulent paisiblement, bien remplis par des visites diverses et des démarches au CEG, ou pour les familles et leurs enfants, sans oublier des moments de repos (lecture dans le fauteuil de Gérard, la série "The Knick" le soir sur mon notebook), de natation aussi, évidemment ; courses au village ; visites aux amis (Raoul et sa famille, Jack, Gérard, Fara et Faly à Ylang Ylang où je rencontre plusieurs de leurs clients). Grâce à la direction du CEG, quatre nouvelles inscriptions pour le campus : Brinda, Ermine et Blandine (deux soeurs) et Mirella (leur nièce !). Cependant, cette dernière ne restera pas, comme me l'a annoncé Fara dans un message reçu après mon retour, mais j'ignore pourquoi. Ce qui m'émeut toujours, ce sont les enfants, leur courage malgré la vie dure, leur fraîcheur dans leurs habits d'écoliers. Ainsi, j'ai eu l'occasion d'assister en partie à l'inauguration de l'école maternelle, avec tous les enfants en tenue de fête, les parents et les "autorités locales". Le maire, requis pour cette cérémonie, est arrivé avec près de deux heures de retard : tout le monde, sauf moi qui ai perdu patience, a attendu stoïquement, sans récriminer. La résignation du peuple malgache semble sans bornes : j'espère que le nouveau président du pays n'en abusera pas...
Debout, de gauche à droite : Mahéfa Jean, Roméo, Sergine, Rody, Brinda, Nicolas, Mirella, Blandine, Ermine, Chryno, Mandelah ; assis, de gauche à droite : Séverine, Serienne, Eminah, Serianne, Vola, Anathalicia, Joséphat.
A Madagascar, mais aussi chez nous, le PÈRE PEDRO, rencontré en 2004 et 2005, est bien connu : depuis des dizaines d'années, il se bat contre la grande pauvreté, essentiellement à Akamasoa, la "cité de l'espérance", non loin de la capitale Antananarivo. Il s'adresse aux futurs "citoyens du monde entier", comme nous appelait déjà le philosophe romain Sénèque. Son parcours de vie, ce qui l'a amené à consacrer toute sa vie à Madagascar, vous l'entendrez sur le site de la Radio Chrétienne de France (RCF). C'est vraiment très instructif et vous fera comprendre, par la même occasion, le sens de mon action à Mahambo.
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Le Père Pedro ne pratique pas comme certaines ONG, qui viennent parachuter leur aide - pour rappel, fruit de l'argent des donateurs, sollicités par une publicité parfois harcelante ! Il vit avec les Malgaches et les associe à son projet, dont les résultats, vous l'avez entendu, sont spectaculaires. C'est le secret : il faut vivre avec les gens et le plus possible comme eux, s'adapter à eux, à leur mentalité. Sans le couple-ami Fara et Faly, que pourrais-je faire pour les enfants et les jeunes de Mitsinjo ? Financer les écolages, les frais scolaires, les frais médicaux, en partie la nourriture, c'est à la portée de ceux qui vivent dans l'aisance matérielle et peuvent partager fraternellement (que ce soit au nom de l'Evangile ou de valeurs humaines). Donner de son temps et faire ce qu'on peut pour les comprendre et les aimer, voilà qui est mieux. Et donne la vraie joie. Père Pedro nous rappelle l'importance de la formation, à l'école : discipline et travail sont les deux piliers d'une éducation réussie. Alors, le pays pourra compter sur des jeunes Malgaches qui construiront des routes et des hôpitaux...Et je termine volontiers cette année 2018 par la définition d'un "beau geste", dans la bouche de Salvatore Curaba, un entrepreneur de 55 ans : "C'est donner sans espérer quoi que ce soit en retour, aider juste pour le plaisir de faire quelque chose pour autrui ! Finalement, le beau geste est un acte presque égoïste, on le pose car il nous procure autant de bonheur qu'à celui qui en bénéficie."