2010

Dès janvier, je remets le cap sur Mada pour un 11ème séjour, après quelques péripéties à Orly à cause du poids de mes bagages : pour deux kilos de trop dans ma valise, c'est la galère, et je dois bourrer mes poches et mon bagage à main avec les (lourdes) lampes solaires Ikea, qui y rejoignent le vidéoprojecteur amené pour le CEG Abdon d'Arivonimamo. Ouf, cela passe ! Dès l'arrivée à l'aéroport d'Ivato, les lettres et cadeaux des élèves belges sont remis à Nary, président de l'association VOARA et à son épouse Hery. Cette fois, je ferai l'impasse sur Andasibe, en prenant pour la première fois un vol intérieur pour Tamatave (dont coût un peu plus de 100 euros). Le supplément de poids - on n'a théoriquement droit qu'à 20kg sur les lignes intérieures du pays - ne coûte qu'un peu moins de 5 euros pour 4 kilos. Occasion de découvrir le snack qui se trouve dans cette partie de l'aéroport, puisque l'avion est annoncé avec beaucoup de retard : s'il était à l'heure, me dit une "méchante langue", on ne serait pas à Mada ! Il ne faut que 40 min. pour rejoindre Tamatave : quel pied ! Avec un taxi-brousse rapide et confortable (c'est rare !), je suis à Mahambo avant le coucher du soleil. Le nouveau pont, pour remplacer le pont flottant entre Tana et Foulpointe, est terminé. Foulpointe garde des traces bien visibles de l'incendie qui a ravagé l'artère principale quelques mois plus tôt.

après l'incendie de Foulpointe en 2009

Le gardien Donald est là pour m'accueillir, et le jardin est en bon état : c'est toujours avec émotion que je monte les escaliers de ma maison après un si long voyage... pour trouver nombre de problèmes matériels et d'intendance... vite oubliés avec un bon repas aux Orchidées, en compagnie de Fara et Faly, et d'amis à eux. Dès le lendemain matin, on réinstalle le panneau solaire...

installation du panneau solaire sur le toit

La première baignade est paradisiaque, sur une des plus belles plages... du monde : mer chaude et propre; plage de sable fin ; gros arbres et donc ombre à 25m de l'eau ; pas de requins (ils sont contenus derrière la barrière de corail) ; personne sauf quelques enfants qui passent - les fillettes ont toujours leur petit frère sur le dos, c'est émouvant ; grosse racine de Barringtonia dont les énormes fleurs et fruits, le Fotabe, jonchent le sol, pour poser mes vêtements ; douche d'eau douce à 2m. Je voudrais transporter Christiane, ma famille et mes amis ici, d'un coup de baguette magique, pour partager avec eux ces minutes bénies...

Les grosses fleurs de Barringtonia asiatica

Les grosses fleurs de Barringtonia asiatica...

... et le fruit appelé ici fotabe

... et le fruit appelé ici fotabe

Barringtonia asiatica : les feuilles de ce gros arbre sont très grandes (15 à 45 cm) ; ovales, elles ont un aspect vernissé, brillant, et sont plutôt placées aux extrémités des branches qui montrent aussi des fleurs volumineuses avec beaucoup d’étamines longues et voyantes. La forme des fruits a donné son nom à l’arbre : le nom malgache est Fotabe, Fotatra ou Bonnet d’évêque puisqu’ils présentent 4 faces ou côtes saillantes qui font penser à un bonnet d’évêque. Ils sont fibreux comme les noix de coco ; très légers ils peuvent voyager sur les océans en flottant. Toujours vert, cet arbre revêt un caractère sacré auprès de certaines tribus. La traduction littérale du nom de la ville principale de Sainte-Marie, Ambodifotatra, dont le nom signifie "au pied des fotatras", ce qui laisse deviner que l'Ile était recouverte de ces arbres à la base imposante. La graine oléagineuse contient des principes toxiques utilisés pour la pêche des poissons. Le bois résistant sert à la confection des pirogues.

Pour ce 11ème séjour de 4 semaines, je suis venu avec un objectif particulier : prendre le temps d'écrire à propos de sujets philosophico-religieux, dont je suis "enceint" depuis longtemps. Pour un "accouchement" de qualité, le calme de ma maison malgache conviendra : pas de facture au courrier, de téléphone, d'internet, ni même de radio. Il ne s'agit pas de notes au fil des jours, comme dans mon journal que je tiens fidèlement, mais de ce à quoi le poète latin Horace fait allusion: "Donc, la conversation s'engage. On ne s'y occupe pas des villas et des maisons d'autrui, ni de savoir si Lepos danse bien ou mal, mais nous débattons de sujets qui nous touchent plus directement et qu'il est mauvais d'ignorer : est-ce la richesse ou la vertu qui donne aux hommes le bonheur souverain ? Quel est le mobile des amitiés : l'intérêt ou le bien moral ? Quelle est la nature du bien et quel en est le degré suprême ?". L'objectif sera atteint puisque j'aurai l'occasion de rédiger une centaine de pages...

(à suivre)...