2022
Autant le dire tout de suite : il fallait être terriblement motivé pour aller là-bas maintenant. Quatre jours pour arriver à Mahambo, deux pour en revenir : les "vacances" sont déjà bien amputées ! De quoi décourager le touriste ordinaire, celui qui veut voyager pour découvrir le pays.
Je m'explique. A cause du Covid, les autorités malgaches exigeaient, en plus du test PCR à effectuer en Belgique juste avant le départ (55 euros, le dimanche à Libramont), d'arriver par la capitale Antananarivo pour soumettre tous les arrivants à un second test PCR payant (25 €), en plus du visa (35 € pour 30 jours). Il fallait aussi présenter une attestation de réservation de deux nuits prépayées dans un hôtel faisant obligatoirement partie d'une liste officielle, où on était emmené en taxi (payant) pour y attendre le résultat du test. Bref, ces obligations diverses m'ont empêché d'arriver directement à l'aéroport de Tamatave et m'ont obligé à débourser plus de 150 euros supplémentaires, assurance comprise (qui m'a paru cette fois nécessaire pour couvrir une éventuelle quarantaine dans un hôpital de la capitale en cas de test positif !), taxis et minibus inclus pour arriver à rejoindre Tamatave où m'attend habituellement mon ami Gérard venu y faire ses courses. Tout cela m'a paru relever du désir des autorités d'aider financièrement les Malgaches privés de touristes pendant deux ans… mais je ne suis pas sûr que ces conditions difficiles aideront à faire revenir les visiteurs étrangers. Je dois ajouter que l'état des routes, en tout cas de la RN2 (Tana-Tamatave) et de la RN5 (Tamatave-Fénérive), est tellement catastrophique qu'il faut 10 heures pour faire les 365 km qui relient la principale ville de l'île au port par où transitent 80% des marchandises. Au retour, j'ai passé 14 heures dans un minibus Mercedes Sprinter pour faire les 450 km de Mahambo à Tana, sans cesse secoué par les slaloms de conducteurs pourtant chevronnés, qui doivent essayer d'éviter les trous énormes dans la chaussée, quitte à emprunter le talus du côté gauche !
Une fois arrivé à Mahambo, je n'ai plus envie de bouger, pour profiter de ma maison, de mes amis et des jeunes du campus Mitsinjo. Il y a toujours, bien sûr, en début de séjour, quelques problèmes "techniques" : démarrage du scooter, dont il faut remplacer le carburateur et l'ampoule des phares ; achat d'une nouvelle grosse batterie pour le système électrique ; remplacement de la chasse du WC, dont les joints sont restés trop longtemps inutilisés, etc. Mes deux coffres ont été visités et pillés : c'est surtout le Nescafé, plus que les bouteilles d'alcool, qui me manquera. A part ces quelques ennuis matériels - après deux ans d'absence, c'est un peu fatal - tout mon séjour s'est bien passé, sans ennuis de santé et sans tracas particuliers.
Mon premier souci, dès mon arrivée, est de rencontrer les nouveaux élèves de Mitsinjo, essentiellement les plus jeunes, jamais vus sinon en photos grâce à Fara : Felicia, Liciano, Tahiry, Tania et Valesca (6ème), Asmine et Judia (5ème), Luciana (4ème), huit des vingt accueillis sur le campus-internat. C'est fait dès le jeudi de mon arrivée. Les trois derniers ont déjà été présentés en photo en 2021.
A gauche : Valesca et Liciano ; à droite : Tania (en rose), Felicia (en jaune) et Tahiry (en noir). Ce sont les 5 nouveaux élèves de 6ème, dont Fara m'a envoyé les photos début mars.
Dès le lendemain, la routine de chaque jour s'installe: baignade avant 7h, pain au village, petit déjeuner - oranges, grenadelles et corossol font d'excellents jus - rarement seul à table ; de son côté, le choco fait merveille pour les enfants (Christina et Augustino, Fandresina et Antonio, Rivela et Mirinda, Maeronna, Toultra et Nantenaina) - les mamans savent que j'ai apporté des vêtements exposés dans la chambre d'amis - tandis que des dames âgées viennent demander des lunettes de lecture. A midi, leçon de français, géographie ou calcul au campus, entre 12h et 13h ; sieste, suivie, le dimanche après-midi, d'une baignade dominicale avec les jeunes volontaires ; cinéma dans mon living le soir vers 18h45' (La reine des neiges, L'élève Ducobu, Bandidas, Gladiator, Intouchables) ; coucher… tôt, comme les Malgaches quand il n'y a pas bal poussière.
Le mardi 29, Fara a organisé, avec les parents des élèves, une fête à Mitsinjo.
Gérard, Raoul, de même que le pasteur de l'église protestante FJKM ont été invités; ce dernier, ainsi qu'un des parents, se fendra d'un long kabary (discours) moralisateur. Il ne faut jamais oublier que la religion est présente et vivace au coeur de toutes les activités malgaches. La table est chargée de viande de zébu, avec du riz en abondance (toujours !), et des boissons variées. Pour la circonstance, le toit du kiosque, abimé par les pluies, a été promptement réparé par les hommes de Faly...
Grâce à un forfait Orange pour internet, j'ai chaque jour des nouvelles de Belgique par les journaux et WhatsApp qui me permet de communiquer avec Christiane en vidéo : elle peut me donner des nouvelles de la famille et de sa santé.
Quelques événements plus saillants dans un séjour paisible peuvent être notés : un responsable de l'électricité pour les villageois (un champ de panneaux photovoltaïques est installé près de la mairie) vient à la maison à propos d'un branchement sur le réseau pour mon prochain séjour. Je signe pour l'achat d'un compteur - ensuite, on ne paie que pour ce qu'on consomme en rechargeant par téléphone. Cela me permettra d'alimenter mon frigo-congélateur indépendamment du temps qu'il fait et de l'état de mes batteries. Je garderai mon installation personnelle pour les lampes le soir et la recharge des petits appareils. Mon gros convertisseur me lâchera d'ailleurs une semaine avant mon départ, et je ne pourrai plus faire marcher le frigo que grâce au groupe électrogène de Faly, qu'il a amené pour les travaux de construction du stand le long de la RN5, financé par Christiane et destiné à Vavrina.
Après deux ans d'absence, il y a pas mal de réparations à envisager pour le campus, notamment le toit du kiosque, mais aussi pour des maisons de familles parrainées. Le budget est conséquent, mais supportable. Comme le coût de la vie, notamment des PPN (Produits de Première Nécessité) pour un vazaha, alors que les Malgaches trinquent : la baguette de pain rassis, devenue aussi petite qu'un sandwich chez nous, coûte 700 ar., l'huile en vrac, sans aucun doute de palme, est à 8.000 ar. le litre ; il faut chercher pour trouver de la farine (la guerre en Ukraine aurait-elle des répercussions jusque là-bas ?). En tout cas, la compagnie Tsaradia, filiale d'Air Madagascar qui dessert les aéroports régionaux de l'île, a une politique semblable à celle de Ryanair en Europe : au moment de payer une "promo" pour un trajet Tamatave-Tana de 45 minutes - 80 euros tout de même pour essayer d'éviter l'enfer par la route -, le site refuse ma carte de crédit. Quelques minutes plus tard, le prix a doublé, et le lendemain il faut multiplier par 3. Bonjour l'arnaque !
C'est pour les jeunes que j'ai le plus de plaisir à distribuer des cadeaux de chez nous : des brosses à dents et dentifrices offerts par ma dentiste Ginette D., des bics en abondance grâce à Cécile L., des vêtements et des articles scolaires (loupes, compas, petites calculatrices, gommes et tailles-crayons) acquis à prix plancher au vestiaire de la Croix-Rouge de Longlier.
Sur leur cahier de notes, offert à chaque début de séjour, les jeunes consignent les leçons de français, calcul, géographie, etc. à partir de ce qui est écrit sur le tableau. J'ai renoncé à l'anglais, car il y a déjà tant de choses à mettre au point en français, de la façon de se présenter au vocabulaire de ce qu'on peut acheter au marché, des moyens de transport, de l'heure, du corps humain, sans oublier... la table de multiplication, à revoir sans cesse ! Un souci constant : s'assurer qu'ils ont compris l'essentiel des films projetés le soir.
Des déplacements ? Le strict minimum. Une demi-journée pour aller saluer mon vieil ami Emile à Foulpointe, et revoir la gentille Estelle et ses colliers sur la plage du Manda Beach, ainsi que la famille de Juliette et Raymond à Sahamalany, sur la route de Vavatenina : leur fille Thonia - qui était en couverture-verso de la brochure "OLATRA, champignons d'Andasibe" - voir, dans le menu général, "Suivez le guide" / "Pourquoi Olatra.com", il y a plus de quinze ans - est chez eux pour la naissance toute proche d'un petit frère pour Kendjo ; c'est sa soeur Chantale, à présent diplômée infirmière grâce à l'aide financière d'André F., qui l'assistera pour son accouchement. Il devrait avoir eu lieu au moment d'écrire ces lignes, mais je n'ai pas encore reçu de nouvelles.
Clotilde et son bulletin en fin de 2ème année à l'école d'infirmières de Fénérive-Est. Il lui reste à terminer sa troisième et dernière année, grâce à l'aide matérielle de Philippe G. Elle doit maintenant entamer son travail de mémoire pour sa "soutenance" prévue en novembre. C'est sa grand-mère Pierrette qui était venue me la présenter quand elle était encore au lycée de Mahambo.
Quelques bons repas, avec les amis, chez eux (camarons chez Gérard, langoustes chez Fara et Faly à Ylang Ylang, couscous royal chez Raoul), ou chez moi avec les mêmes: ma gardienne Vavrina est en même temps une parfaite cuisinière.
La fin de mon 34ème séjour fut un peu handicapée par une pluie trop fréquente, au point de devoir renoncer à des baignades matinales ou vespérales, et encore de changer de chemise plusieurs fois par jour.
Elle n'a cependant pas empêché les deux courageux frères de Vavrina, Kamisy et Evariste, qui cherchaient du travail, de défricher à la borzina (machette) le jardin à l'arrière de la maison, pour que leur soeur puisse y cultiver du riz, des brèdes (sortes de salades) ou du manioc (avec les feuilles pilées duquel on fait le fameux plat appelé ravitoto). Evariste est même encore monté au cocotier - au sens premier de l'expression...
Quand je suis parti le jour du lundi de Pâques, une foule dense envahissait la plage de Mahambo, suivant en cela une longue tradition. J'étais peut-être le seul à aller à contresens du flot des autochtones et des Malgaches venus parfois de bien plus loin, pour aller attendre en face du dispensaire le minibus Trans Bouhier parti de Fénérive pour rejoindre directement Tana. Il me reste à vous raconter un dernier épisode marquant.
Arrivé à la gare routière principale (Maki) à 4h du matin, je peux attendre le lever du jour en restant dans le minibus. Où vais-je trouver un petit hôtel proche pour dormir quelques heures avant de me rendre à Ivato où mon départ pour St Denis de La Réunion n'est prévu qu'à 17h ? Derrière moi, une jeune dame me propose d'attendre 5h30' et l'arrivée de son mari, pour aller chez elle en taxi en attendant de rejoindre l'aéroport. C'est ainsi que je me suis retrouvé dans le quartier dit des "soixante-sept hectares", chez Philippine et son mari. Après quelques heures de repos, la maîtresse de maison, à qui j'ai confié que je devais de nouveau présenter un test covid négatif, me propose d'aller ensemble à la "Pharmacie principale" de Tana, qui est agréée pour délivrer l'attestation nécessaire. Le test est en réalité un autotest - exactement le même que celui que j'ai avec moi - mais j'aurai le précieux sésame pour la somme de 20 euros. Toujours le business habituel, comme expliqué au début de ce compte rendu.
La fin de mon voyage de retour ne connaîtra plus qu'un incident : en gare de Bruxelles Midi, je raterai le train pour Libramont à cause d'un changement de voie au dernier moment. Comme il y en a un toutes les heures, mon retour à la maison ne sera affecté que d'un léger retard…
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35ème voyage à Madagascar (du 15 novembre au 8 décembre 2022)
A part la pénibilité des voyages aller et retour, ce récent séjour fut parfait. Cela mérite un mot d'explication. Un "bon pour une 2ème valise", avec le club fidélité Capricorne (Air austral), d'abord refusé car "l'avion de La Réunion à Tamatave ne permet pas ce surpoids", puis finalement heureusement accepté par la responsable du vol Charles de Gaulle (Paris) - St-Denis (La Réunion) ; un avion annulé et 10 heures d'attente en salle d'embarquement, donc un jour de perdu, même si la compagnie aérienne a tenu sa promesse de me loger une nuit à Tamatave à ses frais ; des tracasseries douanières à Mada (il faut donner un "cadeau" de ses bagages, des manons au café à l'aller, une cabosse de cacao au retour) ; une intoxication alimentaire au retour à cause d'un sandwich au fromage périmé reçu en guise de collation entre Tamatave et La Réunion ; un TGV annulé à cause d'une grève des aiguilleurs - la SNCF a cependant été sympa et m'a mis sur un autre TGV une heure et demie plus tard ; des bagages lourds pour un "vieux", même si des jeunes se proposent, souvent spontanément, de l'aider...
L’électricité de la centrale solaire du village devait fonctionner à mon arrivée – le contrat avait été signé en avril et la facture payée en septembre – mais on se serait cru alors ailleurs qu’à Mada, où « il manque des pièces » et « le matériel ne nous a pas été livré », etc. J’avais donc commandé en ligne un convertisseur… qui est arrivé deux jours après mon départ. Heureusement, Gérard m’en avait trouvé un à Fénérive, et c’est lui encore qui s’est proposé spontanément pour me conduire chez Antsinana pour acheter un nouveau frigo-congélateur. Les appareils électriques coûtent à peu près le double de chez nous, mais on n’a pas le choix. Frigo et convertisseur neufs ont fonctionné à merveille, grâce à un soleil généreux.
Le beau temps donc a contribué à la réussite du séjour : la température à l'ombre a été tout le temps de 28 à 30° pendant la journée, 22 à 23° la nuit. Dès le lendemain de mon arrivée, je file à Mitsinjo, pour faire la connaissance des 5 nouveaux élèves qui sont en 6ème au CEG : Nenety, Francoline, Melanot, Alexandre et Giovani.
Avec mon n° de téléphone réactivé, je peux avoir internet pour 30.000 ar. (7,5 €) pendant un mois. Ce qui me permet d'être en contact quotidien avec Christiane en vidéo par WhatsApp. Il y a deux heures de décalage en cette saison : quand il est 8h à Mahambo, il n'est que 6h à Neufchâteau. Comme je suis levé chaque jour très tôt, pour être dans l’océan vers 6h15’, avant que le soleil ne tape trop, je suis au lit le soir très tôt aussi, souvent avant 21h. Avant cela, cinéma dans mon living, puis un souper léger. Ont été projetés cette fois Paddington, Intouchables, l’élève Ducobu, L’âge de glace (1 et 2), Raid Dingue. L’absence de TV ne me pèse pas du tout. Le scooter, rapidement réapprivoisé, est conduit prudemment et seulement de jour, car il y a trop de trous dans la route et les phares des camions - c'est la saison des litchis récoltés en brousse - sont aveuglants : je ne suis tombé qu'une fois, en allant chez Gérard à Ambatomalama, à cause du sable de la piste, car il a fait sec, mais c'était du bon côté (à droite, puisque c'est ma hanche gauche qui a été remplacée le 20 septembre). Parti avec une béquille - on ne sait jamais! - je ne l'ai pas utilisée là-bas car le climat, la marche et la natation m'ont servi de kiné.
Faits et événements saillants : Clotilde termine ses 3 années de formation pour être infirmière diplômée. Ses études à l’école paramédicale de Fénérive ont été sponsorisées par mon ami Philippe. J’ai eu l’occasion de corriger avec elle le texte du speech qu’elle devra faire pour le jury à l’occasion de sa « soutenance » le 30 novembre. Nous y étions en délégation, avec la voiture de Gérard : Pierrette la grand-mère, Fara et moi. Nous avons vécu un moment très malgache, même si la présentation de son travail (sur les AVC) par Clotilde et les commentaires du jury étaient en français. Il m’a même été permis de dire quelques mots, pour féliciter Pierrette de son audace il y a 6 ans, et pour saluer le travail de Clotilde – que le jury a récompensée par une cote d’excellence avec félicitations (19,6/20 !). Au retour, nous sommes invités par Pierrette à un repas près de sa maison. On ne peut pas refuser : dans une clairière occupée par de longues tables chargées de boissons « soft », toute la famille est là. La table des vazahas + Fara et Faly est installée à l’ombre pour le vary-poulet gasy (bonne sauce). Clotilde, sortant comme Chantal d’une école privée, devra aussi faire un an de stage bénévole : ce sera à l’hôpital de Fénérive, mais elle aura besoin de louer une chambre. Philippe continuera de l’aider pour cela.
J’ai eu aussi l’occasion de rencontre les 8 « Amis de La Bastide de Virac – Mahambo », qui étaient là en même temps que et sont venus prendre un goûter chez moi. Fara leur avait préparé un programme chargé de visites diverses, notamment dans les dispensaires de la région. Ils sont fidèles au projet Mitsinjo puisqu’ils parrainent et sponsorisent 5 des 24 élèves hébergés, ce dont je leur suis très reconnaissant.
Je l'ai dit : c’est le moment des litchis ; alors que l’arbre de mon jardin, planté il y a 8 ans, montre quelques belles grappes, j’en reçois en abondance, notamment des parents des élèves de Mitsinjo. Vavrina en fera des pots de délicieuse confiture ramenée en Belgique. Il y a aussi des mangues et des ananas : ces deux fruits typiquement tropicaux font d’excellents jus naturels pour le petit déjeuner, grâce au talent de la cuisinière. Les deux jaquiers de mon jardin ont de gros fruits qui pendent… du tronc : c’est vraiment très curieux ! Ils conviennent surtout pour des rhums arrangés.
Mes contacts avec les voisins sont très agréables : Suzy « d’en face » ; Marguerite qui s’est invitée impromptu à un repas de midi, et sa petite fille Leodevine (mariée et mère de deux enfants) venue me rendre visite, alors que je ne l'avais pas revue depuis près de 15 ans ; Paul, mon ancien gardien, le frère de Vavrina, est passé plusieurs fois à la maison et j’ai pu rétablir une excellente relation avec lui - il avait fait faux bond sans crier gare en 2016 pendant le bref séjour de la famille de mon fils Nicolas - ; je l’aiderai pour les frais scolaires de ses deux enfants à l’école Fenantenana à partir de l’an prochain. A la demande de ma gardienne, Faly et ses hommes ont agrandi sa maison, où elle se sentait un peu à l’étroit avec Arliny, sa fille de 13 ans. Cette dernière est maintenant motivée par l’école « Espérance » où elle est en 6ème : j’ai pu rencontrer la directrice Yolande, très satisfaite de ses résultats. Une bonne nouvelle encore !
Une rencontre avec les parents des jeunes, au début de mon séjour, s’est passée dans une très bonne ambiance : ils avaient apporté des fruits et il y a eu quelques « kabary » (les Malgaches adorent les discours). Les autres jours, entre midi et 13h, je me mets en route à pied pour être avec les jeunes pour un petit cours de français. Souvent pour m’assurer qu’ils ont compris l’essentiel des films projetés. Il a fallu, pour que le tableau du kiosque soit lisible, remettre deux couches d’ardoisine ramenée par Gérard de Fénérive. On a aussi repris l’activité baignade (et natation pour les plus hardis) à la mer le dimanche en fin d’après-midi, quand ils rentrent de leur famille. On ressent cependant concrètement la dureté des temps : au marché, peu de choix pour les nourritures, même les fruits, et tout est plus cher ; Faly et Raoul n’ont plus de voiture et se déplacent en moto ; le litre d'essence est à 1,6 € au village, en bouteilles ; les autorités scolaires demandent déjà le paiement de la deuxième partie des écolages (pour les profs FRAM, c'est-à-dire payés par la "caisse des parents"), au CEG - Florencia en est la nouvelle directrice -, puis au lycée pour 9 élèves ; pendant mon séjour, la bière locale THB est passée de 3.500 à 4.000 ar. ! Il y a peu de touristes, donc peu de clients, ce qui fait que j'ai pu acheter, en plus du poivre sauvage, un peu de vanille à prix abordable à des habitants du village.
Comme cela me fut difficile de faire accepter une seconde valise (même avec le "bon Capricorne", comme je l'ai expliqué ci-dessus), je prendrai beaucoup moins de vêtements lors de mes prochains séjours. En effet, le mardi et le jeudi, je trouve au marché de quoi faire plaisir aux jeunes comme aux moins jeunes : Arliny est ici fière de sa nouvelle "tenue"... qu'elle lorgnait depuis un certain temps ! Je serai ainsi plus sûr d'acheter ce qui leur plaira vraiment, tout en faisant vivre le commerce local.
Depuis peu, la question des « postbac » se pose pour des élèves qui sont passés par Mitsinjo pendant leurs études secondaires (BEPC en fin de collège + BAC en fin de lycée). Les candidats à une aide, si elle est nécessaire vu la situation matérielle de leurs parents, seront traités au cas par cas, le moment venu, en fonction des résultats en fin de lycée, de la motivation des jeunes, de leur connaissance du français (indispensable dans l’enseignement supérieur !), de la formulation explicite de leur souhait, et de la qualité relationnelle que Fara et moi aurons pu établir avec elles et eux.
Je termine ce compte rendu en remerciant Gérard et Raoul pour les repas royaux qu'ils m'ont offert en compagnie de nos amis communs, Fara et Faly. Gérard avait sorti "le grand jeu", avec d'énormes langoustes qui débordaient de la grande assiette ; Raoul nous a servi une potée auvergnate qu'on peut qualifier de royale. Chez moi, en fin de séjour, j'avais gardé pour les honorer quelques "pépites" apportées de Belgique et ayant échappé à la douane : saucisson et jambon cru Serrano, fruits secs, chocolat, et un superbe Bordeaux, Château La Dauphine, Fronsac 2016.
La convivialité avec mes amis vazahas (blancs) et malgaches est aussi un soleil pendant mes séjours à Mahambo...
Prochain rendez-vous en 2023, si tout va bien. D'ici là, passez d'heureuses fêtes de fin d'année !