Nature

Nous devons avouer que c'était la motivation principale de notre premier voyage. Elle l'est restée, mais est à présent concurrencée par une autre, très forte depuis notre premier séjour à Mada : la rencontre avec un peuple souriant, et si riche d'humanité.

De nombreux témoignages (guides de voyage obsolètes, anciens coloniaux, ou même des Malgaches d'un certain âge) attestent de la beauté époustouflante de la Grande Ile au moment du départ des Français, dans les années 60. Le pays était mieux équipé en infrastructures. Maintenant, les chemins de fer ont quasi disparu (cf. notre visite au village abandonné le long du canal des Pangalanes), et la forêt d'origine, appelée encore forêt primaire, était bien plus importante en superficie qu'à présent.

Aspect de la forêt primaire

Aspect de la forêt primaire

La raison de cette déforestation est que la principale source d'énergie dans la vie quotidienne est... le charbon de bois. Même en ville, c'est le moyen habituel pour cuisiner. Le gaz est cher; l'électricité, faiblarde, aussi. Partout sur les marchés et le long des routes, vous verrez des sacs gris remplis de charbon de bois réalisé dans les villages.

Le charbon de bois, énergie de base à Mada

Le charbon de bois, énergie de base à Mada

Au marché de Tamatave

Au marché de Tamatave

 

Partout aussi vous verrez des eucalyptus qui ont été taillés à un mètre de haut, à la machette car il n'y a guère de tronçonneuses.

Rejets d'eucalyptus

Rejets d'eucalyptus

De ce moignon partent des rejets du diamètre d'un bras, ... qui seront coupés plus facilement demain ! Pour changer cela, il faudrait évidemment que le problème des transports et donc des routes - priorité des priorités à notre point de vue - soit revu en profondeur... Un autre souci d'inquiétude est que les habitants, vu leur pauvreté, n'hésitent pas à couper des arbres à repousse très lente, dont le bois précieux (bois d'ébène, palissandre,...) est utilisé pour des souvenirs à l'intention des touristes. Comment leur jeter la pierre, puisque nous-mêmes avons "succombé" à la beauté de l'artisanat local ? Mais notre âme de naturalistes en souffre quelque part. Car la forêt d'origine, aux espèces parfois exclusives à l'île (on parle d'espèces endémiques), recule sans cesse au profit des eucalyptus, mimosas, pins, etc.

 

Paul est spécialiste des champignons, comme vous le verrez en lisant notre récit. Il a réalisé au cours du premier voyage des dizaines de photos d'espèces sur lesquelles il lui était impossible de mettre un nom précis (elles diffèrent pratiquement toujours par un aspect ou l'autre de ce qu'on trouve en Europe), même s'il était, dans la plupart des cas, face à des genres connus.

Bolets vers Vavatenina

Bolets vers Vavatenina

Comme il n'existe pratiquement pas de littérature, surtout de vulgarisation, sur le sujet - les botanistes n'étant d'ailleurs guère plus gâtés - il a "mitraillé" en 2004 tout ce qu'il a pu trouver... en saison pourtant peu favorable : la saison sèche (nous étions au début de l'hiver !), excellent climat pour nos organismes mais pas vraiment pour les champignons. Nous en témoignons : Tô, notre chauffeur, et les guides rencontrés lors des visites des parcs nationaux étaient curieux et de bonne volonté pour apprendre ! Pourtant, pratiquement personne parmi les touristes n'est intéressé par les champignons, et les guides sont surtout bien formés pour répondre aux désirs de leurs clients : les lémuriens, les autres animaux (oiseaux, reptiles,...) et la botanique, dans des limites qu'impose la richesse de la nature là-bas. Vous verrez de nombreuses photos de la riche nature malgache dans la rubrique "photos" où nous avons regroupé l'essentiel de nos découvertes en ce domaine, au fil des séjours depuis 2004. Les champignons ont une place particulière dans la brochure "OLATRA - Champignons d'Andasibe", présentée in extenso - grâce à l'aimable autorisation de Rainer Dolch - sous l'onglet "Suivez le guide" - "Andasibe".

Notre compte rendu de 2004 tentait de faire passer les émotions ressenties tout au long du voyage face à la beauté des paysages si variés (de Tana à Tuléar, c'est stupéfiant) : arbres aux feuilles géantes, grasses et luisantes ; fleurs inconnues ; fruits en pleine nature (la notion de verger ne semble pas exister) ; animaux assez peu farouches et non dangereux. Nous avons été à la fois dépaysés et ravis.