Mendicité

Bien sûr, c'est l'Afrique, comme on dit. Et on a vite compris, dès l'atterrissage à Tana, que "ce sera dur"... Les "vazaha" (prononcer simplement Vaza), c'est-à-dire entre autres les touristes blancs, sont considérés comme des riches. Même si ce n'est pas le cas dans leur pays d'Europe, c'est vrai par rapport à la condition matérielle d'une grande partie de la population. Et même si les riches malgaches sont aussi riches, sinon plus, que les riches de chez nous : ce qui frappe dans la capitale, c'est l'écart énorme entre ceux qui se baladent en puissantes 4 x 4 aux vitres teintées, portable dernier cri à l'oreille, etc., et l'écrasante majorité des gens du peuple dans la rue.

Le vazaha est donc sollicité régulièrement. A Tana bien plus qu'ailleurs, mais aussi dans les campagnes où il est plus facile de donner, car la pauvreté est manifeste. A Tana, en effet, il nous est arrivé de penser qu'il y avait pas mal de "comédie" chez certain(e)s, quand ce n'est pas du chantage : "si tu ne donnes pas, c'est que tu es méchant" ou encore "achète ou donne, et après je te laisserai tranquille". Dans les petits villages, des personnes âgées demandent de l'aide à l'étranger, en expliquant parfois de quoi elles ont besoin (problèmes de santé par exemple), et on a alors le sentiment de "faire quelque chose d'utile". Sinon, c'est souvent "pour avoir la paix" qu'on pourrait être tenté de distribuer à tous vents les petites coupures de 100 ou 200 Ar., qui ne représentent, c'est vrai, pas grand chose pour nous. Peut-être que le fait d'être accompagné par notre chauffeur malgache nous a évité d'être encore bien plus "harcelés"... A Mahambo, il n'y a pratiquement aucune mendicité, même de la part des enfants.

mendicité place de l'Indépendance à Tana

fillette avec bébé

La question est : faut-il donner ? Et comment ? Il est quasi impossible d'échapper aux demandes, à moins d'avoir un coeur de pierre ou d'être blindé (... à la manière de certains riches malgaches, qui nous ont paru très durs envers les mendiants, ou les ignorent tout simplement). Deux pistes nous semblent, après coup, mériter d'être creusées : les dons en nature (vêtements, médicaments, etc.) aux pauvres eux-mêmes - même si on nous a prétendu qu'ils servaient souvent de monnaie d'échange contre de l'argent - et l'aide aux organisations humanitaires qui oeuvrent sur place (par exemple l'association du Père Pedro).